Les trimestres de chômage comptent-ils pour la retraite en carrière longue?
Cher Gabriel,
Effectivement, à l’heure où le gouvernement promet 40% de départs à un âge inférieur aux fameux 64 ans, le sujet des carrières longues revêt un caractère primordial. Et comme les carrières sont rarement linéaires, il est indéniable que la prise en compte ou non des trimestres en période d’indemnisation Pôle Emploi est un sujet très important. Pour mémoire, pour ouvrir droit à un départ anticipé au titre des carrières longues à partir de 60 ans, il convient, selon la réglementation actuelle, de remplir les deux conditions suivantes :
Condition n°1 : une condition de début d’activité :
Pour remplir cette condition, il faut réunir au moins 5 trimestres d’assurance à la fin de l’année civile de son 20ème anniversaire.
Pour les assurés nés durant le 4ème trimestre de l’année civile, ou ayant débuté leur activité au régime des non-salariés agricoles, 4 trimestres suffisent. Sont comptabilisés comme trimestres d’assurance :
- Les trimestres cotisés ou assimilés de tous les régimes de base
- Les trimestres d’éventuelles périodes étrangères indiquées sur le formulaire de liaison
Condition n°2 : une condition de durée d’assurance cotisée :
Pour remplir cette condition, il faut réunir autant de trimestres cotisés que de trimestres nécessaires pour l’obtention du taux plein prévu pour sa génération.
Cette durée d’assurance cotisée est calculée dans la limite de 4 trimestres par an.
Parmi les périodes comptabilisées comme cotisées on retrouve :
- Les périodes de cotisations à l’assurance vieillesse obligatoire
- Les périodes d’assurance volontaire vieillesse
Sont exclues :
- Les périodes d’assurance vieillesse des parents au foyer
- Les périodes assimilées à des périodes d’assurance, à l’exception et dans une certaine limite des périodes « réputées cotisées » présentées ci-après
- Les périodes reconnues équivalentes
- Les majorations de durée d’assurance pour enfant ou pour congé parental
- Les périodes de volontariat associatif
Sont considérées comme périodes réputées cotisées (périodes non cotisées pouvant être retenues comme des périodes cotisées dans une certaine limite pour l’étude de l’ouverture des droits à départ anticipé au titre de carrières longues) :
- Les périodes de service national à dans la limite de 4 trimestres
- Les périodes d’indemnisation au titre de la maladie, de la maternité et d’incapacité temporaire des accidents du travail à dans la limite de 6 trimestres sans que le nombre total des périodes maladie et accident de travail ne puisse excéder 4 trimestres. Dans l’hypothèse où aucun trimestre réputé cotisé n’est retenu au titre des périodes assimilées maladie et incapacité temporaire des accidents du travail, les périodes assimilées maternité peuvent être prises en compte dans la limite de 6 trimestres.
- Les périodes validées au titre des périodes de chômage + les périodes indemnisées au titre de l’activité partielle à compter du 01/03/2020 à dans la limite de 4 trimestres (ensemble des périodes d’activité partielle et de chômage confondues)
- Les périodes de perception de pension d’invalidité à dans la limite de 2 trimestres
- Tous les trimestres de la majoration de durée d'assurance attribuée au titre du compte professionnel de prévention sont retenus.
Donc pour résumer, une carrière longue est globalement conditionnée à une durée travaillée très importante, les trimestres de chômage étant limités à 4 trimestres dans le calcul de la durée d’assurance attendue.
Reste à voir si tout cela évolue dans le cadre de la réforme en cours, on suit cela de près !
À la semaine prochaine 👋
Les questions Hot !
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Excédents de l’AGIRC-ARRCO, que prévoit le gouvernement ?
Question de
Jean de C.
24/10/2023
Cher Jean,
Merci pour cette question qui nous replonge d’emblée dans le grand feuilleton de cette rentrée !
Il faut dire qu’on avait bien compris depuis quelques temps que les ressources de l’AGIRC ARRCO intéressaient le gouvernement, avec en particulier le sujet du transfert du recouvrement des cotisations AGIRC ARRCO par les URSSAF prévu pour 2023, puis reporté pour 2024 (et d’ailleurs en passe de disparaître dans le PLFSS 2024).
Cette fois-ci la tension monte d’un cran : le gouvernement souhaite que l’AGIRC ARRCO (géré paritairement, pour mémoire) contribue chaque année financièrement à l’équilibre du Régime Général (seulement).
Motif évoqué : grâce à la réforme des retraites 2023 (que les OS n’ont pas soutenue), le régime complémentaire des salariés du privé va faire des excédents dans le futur et donc il doit en rétrocéder une partie au Régime Général.
D’emblée je pense que cette idée appelle quelques remarques :
1/ Oui, les régimes AGIRC ARRCO sont en excédents depuis quelques années et ont constitué une dizaine de mois de réserves de prestations.
Ces excédents ont été obtenus grâce à des décisions plutôt courageuses mais globalement en défaveur des actifs et des récents retraités :
- les taux de remplacement de ces régimes ont largement diminué depuis 15 ans (via l’augmentation plus rapide du prix d’achat du point vs l’inflation, et moins rapide que l’inflation pour la valeur de service).
- les jeunes retraités qui liquidaient jusqu’à récemment au taux plein étaient pénalisés temporairement par une minoration de pension (cf la précédente question HOT sur ce sujet)
- certaines cotisations versées à ces régimes ne génèrent pas de droits et sont destinées à équilibrer le régime.
Cette démarche de responsabilité est vraiment remarquable en comparaison de la gestion laborieuse des régimes de base ou autres régimes spéciaux.
2/ L’idée même que la contribution évoquée ne serait affectée qu’au Régime Général des salariés est étonnante : les différents régimes de base s’équilibrent tous chaque année (via la compensation inter régime de bases), donc compliqué d’imaginer qu’1 euro de l’AGIRC ARRCO versé au Régime Général ne finisse pas au moins en partie à financer d’autres régimes.
3/ Une autre idée un peu dérangeante : c’est l’un des « bons élèves » des régimes de retraite - une fourmi - qui se retrouve taxé pour financer le reste de la classe - les cigales. Surtout que les bénéficiaires de l’AGIRC ARRCO sont plutôt des profils qui paient l’impôt sur le revenu…
Dans tous les cas, dans un pays où les efforts demandés à tous en matière de retraite sont équivalents (décalages d’âges ou de nombre de trimestres identiques), alors que certains partent avec beaucoup plus d’avantages en matière de retraite ou de durée de carrière que d’autres, cette ponction sur les complémentaires des salariés ne passe pas.
Au point que le vote du PLFSS 2024 (par 49-3, sûrement) pourrait faire tomber le gouvernement (via une Motion de censure) puisque l’ensemble des partis d’opposition sont contre cette mesure !
A priori, cela devrait infléchir un peu le gouvernement qui aimerait bien que les partenaires sociaux qui gèrent l’AGIRC ARRCO fassent cet effort volontairement… 🤔
Encore un sujet à suivre, assurément !
À bientôt 👋
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Julien