Réforme des retraites, où en est-on quant à l'âge de départ ?
Lors de son intervention télévisée ce 26 octobre, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de repousser l’âge légal de la retraite de plusieurs années.
La réforme des retraites avait déjà été entamée en 2020 par le gouvernement, puis suspendue face à l’urgence de la crise sanitaire.
Entre temps, le gouvernement a fait une croix sur le projet de réforme universelle des retraites (SUR). Mais l’exécutif reprend la réforme des retraites, avec comme mesure phare l’allongement de l’âge de départ à la retraite, malgré la forte mobilisation sociale qu’avait suscité ce sujet. Le projet de réforme sera mené en concertation avec les partenaires sociaux (représentants de salariés et des employeurs, organisations patronales et syndicats) et les groupes parlementaires jusqu’à début décembre.
L’objectif de cette réforme est, comme l’a réaffirmé Emmanuel Macron, d’équilibrer le système des retraites, qui serait sur le point d’être déficitaire à compter de 2023 et jusqu’en 2030 d’après le Conseil d’orientation des retraites (COR). Pour te donner un ordre d’idée, en 2019, les dépenses de retraites représentaient 13,6% du PIB en France en 2019, soit 331 milliards d’euros.
Le président de la République projette de finaliser les concertations à la mi-décembre. La date d’entrée en vigueur de la réforme est envisagée pour l’été 2023 d’après la première ministre, Élisabeth .
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Pourquoi un allongement de l’âge légal de départ à la retraite ?
Le but est d’anticiper le vieillissement démographique, lié à l’augmentation de l’espérance de vie, qui serait la cause d’un déséquilibre des dépenses de retraite. Il y aurait, en effet, dans les années à venir plus de retraités que de cotisants. Ainsi, en raison du système français actuel, basé sur les principes de solidarité intergénérationnelle et de répartition, le système des retraites serait inévitablement déficitaire.
- continuer à financer les petites retraites ;
- d’augmenter le minimum de pension de retraite (qui passerait de 903 € par mois à 1100 € pour une carrière complète en raison de l’inflation) ;
- et de favoriser l'employabilité des seniors.
Vers un âge légal de départ à la retraite fixé à 65 ans
Malgré l’impopularité de cette réforme et l’opposition des syndicats, le président de la République a réaffirmé sa volonté de repousser l’âge de la retraite à 65 ans d’ici 2031. C’est donc 3 ans qui devraient être travaillés en plus, par rapport à l’âge légal de départ à la retraite qui est aujourd’hui fixé à 62 ans.
Le gouvernement français se calque sur l’âge moyen de départ à la retraite au sein de l’OCDE, la France ayant un âge inférieur à la moyenne de 2,5 ans.
Ce recul de l’âge de départ à la retraite se ferait progressivement. Chaque année, quatre mois supplémentaires seraient ajoutés à l’âge de la retraite, comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
La génération née en 1961 serait la première concernée par le recul de l’âge de départ à la retraite. Les salariés nés avant 1961 devraient pouvoir, s'ils en remplissent les conditions, partir à la retraite à 62 ans à taux plein.
Comme l’a évoqué Emmanuel Macron, les 65 ans envisagés sont un âge qui sert de cadre aux négociations. Ainsi, Emmanuel Macron a affirmé qu’il restait ouvert pour fixer l’âge de départ à la retraite à 64 ans « si certains [partenaires sociaux] sont prêts à s’engager » en cas d’allongement de la durée de cotisation.
Par ailleurs, le Chef d’État a promis que l’âge de la retraite ne serait pas repoussé pour certaines professions ou dans certaines circonstances :
- Pour lutter contre les déserts médicaux, « tous les médecins qui arrivent à la retraite [pourront] prendre leur retraite » et toucher leur pension à taux plein ;
- L’âge de départ à la retraite permettant de toucher automatiquement une pension à taux plein est aujourd’hui fixé à 67 ans, et cela ne devrait pas changer ;
- L’âge de départ à la retraite des personnes en situation de handicap, actuellement défini à 55 ans, ne devrait pas être repoussé.
En revanche, l’âge légal de départ à la retraite devrait également être allongé pour les carrières longues. Les travailleurs concernés sont ceux qui ont commencé à travailler avant l’âge de 20 ans et sans interruption. Les personnes ayant réalisé une longue carrière peuvent aujourd’hui partir à la retraite à l’âge de 60 ans. Dans le cadre de la réforme, aucun âge n’a été évoqué par Emmanuel Macron, qui a seulement évoqué qu’il serait inférieur à 65 ans.
Concernant les régimes spéciaux, plus coûteux que le régime général de retraite, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a annoncé le 9 octobre 2022 dans un entretien au « Journal du Dimanche », qu’ils allaient être supprimés, mais seulement pour les nouveaux embauchés. « Nous aborderons les régimes spéciaux, en privilégiant une méthode progressive vers la normalisation comme nous l’avons fait pour la SNCF : la réforme ne concernera que les nouveaux salariés », a déclaré Olivier Dussopt. Les salariés déjà en poste conserveraient ainsi leurs droits acquis.
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Le défi à venir : gérer l’embauche et le maintien dans l’emploi des salariés seniors
Face à l’allongement de l’âge du départ à la retraite, en tant qu’expert RH ou dirigeant, tu feras donc face à la question du maintien dans l’emploi des salariés âgés dans ton entreprise.
C’est aussi l’un des défis du gouvernement qui, par cette réforme, cherche à maintenir plus longtemps les seniors hors du giron de la retraite, tout en faisant baisser de manière conséquente le taux de chômage des seniors.
Or, ce n’est pas un pari gagné d’avance puisque, selon une étude de la Dares publiée en avril 2022, le taux d’emploi des seniors se réduit avec l’âge. De 71 % pour les 55-59 ans, il tombe à 35 % pour les 60-64 ans. Une donnée à garder en tête avec le recul de l’âge de départ à 65 ans.
Face à cette réforme, le défi majeur à relever est donc de savoir comment valoriser l’employabilité des seniors et lutter contre leur placardisation, voire leur précarisation, à défaut de mesures d’accompagnement des seniors. Et le défi est de taille dans un pays comme la France, qui a une faible culture de l’emploi des seniors.
Si le gouvernement et les experts des RH n’arrivaient pas à faire évoluer la question de l’employabilité des seniors, le recul de l’âge à la retraite aurait pour effet indésirable d’augmenter le nombre de seniors en situation de chômage de longue durée. Le problème aurait simplement été déplacé : le coût de l’assurance vieillesse serait déplacé à l’assurance chômage.
Aménager la fin de carrière et la transition emploi-retraite
La concertation prévue début décembre fixera les grandes lignes de l’emploi des seniors. Cependant, plusieurs pistes ont déjà été annoncées par le gouvernement.
La première piste est la création d’un « index senior » qui serait imposé aux entreprises et calqué sur celui de l’égalité hommes-femmes (en vigueur dans les entreprises depuis 2019). Dans le cadre de cet index, une note sur 100 serait attribuée à l’entreprise selon les efforts qu’elle fournirait en matière d’investissement sur les seniors. Des sanctions seraient prévues pour les mauvais élèves.
Les seconde et troisième pistes ont été évoquées, le 9 octobre au Journal du Dimanche, par le ministre du Travail, du Plein-Emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt. La seconde piste prévue est une révision à la baisse des allocations-chômage. Le but serait ainsi d’inciter les seniors au retour à l’emploi et d’éviter la tentation de certaines entreprises d’avoir recours à l’assurance-chômage en se délestant de leur seniors.
La troisième piste est celle du dispositif cumul emploi-retraite. Ce dispositif serait l’une des pistes privilégiées par le gouvernement. Le président de la République indiquait d’ailleurs, lors de sa campagne présidentielle, vouloir inciter les seniors à travailler pendant la retraite, en permettant l'augmentation des droits à cotisation. La poursuite de l’activité professionnelle permettrait, grâce à la réforme, de constituer des droits à la retraite supplémentaires, tout en percevant une partie de sa retraite. Le salarié senior resterait ainsi employé au sein de l’entreprise, mais potentiellement à un poste inférieur, avec une rémunération plus faible. Cette baisse des revenus serait néanmoins compensée grâce au cumul d’une partie de sa pension de retraite avec son salaire. Ainsi, il ne perdrait pas en pouvoir d’achat et continuerait à cotiser pour sa retraite (ce qui n’est pas permis actuellement).
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