Question de Philippe M. 19/04/2023
Réponse de Julien
Cher Philippe, merci pour cette question très très hot !
Toute aussi impopulaire (ce que disent les Français) que constitutionnelle (ce que disent les Sages), la réforme des retraites a été promulguée ce samedi matin par le président Emmanuel Macron, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne (un peu de poésie ne nuit pas en ces temps obscurs 😉)…
Désormais, même si la contestation n’est pas totalement éteinte, il est temps de faire le bilan.
Le bilan tout d’abord des mesures retoquées par le Conseil Constitutionnel :
Elles sont au nombre de 3, considérées comme des cavaliers sociaux par les Sages :
Les deux premières devraient être reprises dans un prochain projet de Loi sur le plein emploi, annoncé pour le printemps. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car le taux d’emploi des seniors reste un sujet majeur pour la réussite de cette réforme. Rien ne sert de reporter l’âge de départ si c’est pour que les + de 60 ans soient au chômage.
Le bilan d’une communication ratée :
Clairement cette réforme est largement rejetée par la population, qui soutient même la contestation assez fortement encore ce jour.
La stratégie des opposants politiques et syndicaux à la réforme a consisté à minimiser / annuler dans nos esprits le déficit de 2030 à résorber.
Ils se sont basés notamment sur d’autres scénarios du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) (très optimistes) que celui retenu par le gouvernement (un peu optimiste) pour expliquer que la réforme était inutile car il n’y avait pas de déficit en 2030 ou que c’était « l’épaisseur du trait ».
Après le « quoi qu’il en coûte » et l’argent gratuit de ces dernières années, le gouvernement n’a plus réussi ensuite à être audible sur le caractère nécessaire de la réforme. Des arguments autour de la démographie ont été utilisés, mais finalement peu relayés dans les médias.
Le bilan ensuite des économies réalisées :
De ce côté-là, c’est beaucoup plus compliqué de se faire une opinion.
Le report de l’âge d’ouverture des droits de 62 à 64 ans et le passage « plus rapide » à 43 ans de cotisations généreraient 17,7 milliards d’économies en 2030, mais les différentes mesures concédées pour rendre cette réforme acceptable (sic) consommeraient entre 6,5 et 8 milliards d’euros au même horizon.
Ce qui conduirait la réforme actuelle à ne pas financer totalement les 13,5 milliards de déficit des régimes en 2030, selon l’un des scénarios du COR sur lequel s’est basé le gouvernement.
Bref, Philippe, tu l’auras compris, cette réforme n’est sûrement pas la dernière !
Et collectivement nous ne pouvons pas faire grand chose, à part promouvoir encore et toujours une part de capitalisation dans nos retraites, par exemple en mettant en place un … PERo ! On en parle ?